Dans la vie, j’aime très très fort quatre choses. Les tartines d’avocat sur du pain au khorasan (parce que vraiment, j’ai beau réeflechir, y’a pas grand chose qui surpasse ça)(peut-être les mêmes tartines, mais préparées par Ben Affleck ?), les Bensimon, marcher dans la neige et… ma famille.
Ca parait très niais de balancer ça comme ça, mais en grandissant (je vous ai dit que j’ai 19 ans ?) je me suis rendu compte de pas mal de choses (les bienfaits de l’avocat sur la peau, les bienfaits du khorasan dans l’alimentation, les bienfaits de Ben Affleck dans… euh) et parmi ces choses et ben j’ai réalisé qu’il y avait pas beaucoup de monde dans mon entourage qui avait pu grandir dans une famille comme la mienne, et qui, maintenant, s’entendait aussi bien avec eux.
Mon père est ce genre de personne qui va réflechir pendant cinq minutes avant de retrousser sa chemise, pour savoir de quelle façon elle risque le moins de se dé-retrousser en pleine activité (rien de pire qu’une manche qui se rebelle quand on épluche des courges, par exemple)(est-ce que je vous ai dit que j’aimais aussi les courges rôties ?). Il m’a demandé de lui expliquer à mon avis le sens premier de se faire tatouer quand je leur ai annoncé (au lieu de hurler en agitant les bras comme ma maman) et quand je lui explique comment utiliser Twitter, il va d’abord chercher à savoir pourquoi les créateurs du réseau ont choisi 140 caractères et pourquoi le symbole du hashtag est un croisillon.
C’est sans doute la personne la plus intègre du monde et la personne la plus tolérante, qualités extrêmes que je ne lui ai absolument pas volées. J’ai en revanche hérité de son incapacité chronique et pathologique à communiquer et de son amour pour les intégrales, pour le fromage, pour le pain et pour les choses faites proprement.
Ma maman est son exacte opposée. Très souvent, je me demande comment ils ne sont pas assassinés la première fois qu’ils se sont vus. C’est la personne la plus intolérante du monde, ex aequo avec moi et ma grand-mère. Elle n’aime pas les gens qui trainent des pieds, ceux qui ne baissent pas la lunettes des toilettes quand ils vont faire pipi, ceux qui parlent trop fort, ceux qui mâchent du chewing-gum, ou pire, ceux qui parlent en faisant des bulles avec leur chewing-gum. C’est sans doute aussi la personne la plus drôle de l’univers (ma petite soeur arrive juste après). Elle a un sens absolu de l’amitié, elle a un don pour enseigner et elle est aussi têtue que quelqu’un de très têtu, comme dans très têtu. J’ai pris pas mal de traits de caractère d’elle et je pense qu’on est incapables de rester plus de trois heures ensemble sans s’engueuler à un moment (après on fait une blague, une grimace, et on s’aime à nouveau).
Mon grand frère est brillant, je pense que c’est environ le meilleur modèle que je puisse avoir pour grandir. Il a toujours été très secret et très discret mais c’est quelqu’un qui sait si bien écouter. Il a toujours été très protecteur envers ma soeur et moi, quand il était gamin, il dessinait des pilotes de F1 un peu partout, c’est le grand chouchou de ma maman (qui s’en défend, bien évidemment), il part toujours faire pipi quand il faut mettre la table ou vider le lave-vaisselle et quand on est en vacances chez les parents, il pulvérise les records de temps passé devant Fifa-je-sais-plus-combien. Il trouve en général des lubies qui durent une semaine (visiblement en ce moment c’est fabriquer des pâtes fraîches avec sa nouvelle machine à pâtes, mais c’est passé par la case Amazon, où il avait un besoin permanent de commander des choses inutiles).
Il est très fort pour faire des oeufs brouillés et des fricassées de patates, il s’habille comme un hipster le week-end, comme un trader la semaine, il aime bien les Bensimon aussi et je pense que ça va être le meilleur papa du monde.
Ma petite-soeur, je sais même pas comment la décrire, tellement c’est mon bijou. C’est une pépite de vie, elle est aussi paumée dans la vie que je l’étais avant d’arriver à Montréal, elle tient l’alcool mieux que tout le monde et elle s’habille avec un tas de trucs colorés. Elle veut écrire un one-woman show , dans lequel elle sera probablement hilarante, elle a une capacité infinie à voir le bon dans les gens et elle déteste mon intolérance et mon jugement trop hâtif. Elle n’aime pas les desserts, sauf le pie au citron de ma maman mais en revanche, devant un tartare de boeuf, elle peut tuer pour avoir la dernière bouchée et la première (et toutes celles qu’il y a entre ces 2). Je l’ai tapée une fois avec une brosse à cheveux, elle a eu la marque des picots dans le front pendant une semaine, c’est sans doute l’anecdote qu’elle aime le plus raconter (je m’étais fait séverement punir, suite à ça, bien entendu, sans parler de l’ensemble des surveillants du collège qui étaient venus me demander pourquoi j’avais fait ça)(évidemment elle l’avait raconté à tout le monde)(c’était pourtant bien décoratif, ces petits points).
Je ne sais pas pourquoi je vous raconte tout ça. Ils me manquent terriblement, même si je sais que c’est un truc de grande fille, d’être loin, je sais aussi que mon cocon, mon refuge, il est avec eux. C’est rare, les moments où on est réunis, ça l’est de plus en plus, mes parents sont en France, mon frère, sa femme et ma soeur sont à Londres, je suis à Montréal et il y a ce truc terriblement frustrant des déjeuners du dimanche qu’on aura jamais et des week-ends à la plage décidés sur un coup de tête qui ne se feront plus. Alors on se whatsapp tous en groupe les dernières gaffes de ma maman, les derniers voyages de mon frère, les premières neiges de Montréal et tous les trucs qu’on se raconterait si on dînait ensemble, le soir, comme quand on était petits et qu’on avait juste envie de quitter la table sans débarrasser pour retourner faire du coloriage.
Avec cet avantage précieux et infini qui fait que maintenant, les repas ensemble, on les chérit plus que tout.
Tu n’as pas mentionné l’épisode de l’hélicoptère dans l’une des lubies de ton frère. Il y a aussi la passion de ta soeur pour le maïs, presque autant que la tienne pour les tartines.
Ta famille est si parfaite et c’est si précieux.
J’avais presque oublié le maïs. Et l’hélicoptère. On est un peu excessifs, parfois. En tous cas, je pense que tu manques à ma famille, aussi !
Très beau billet douce Camille, il est très touchant.
Merci beaucoup, Bergeou !
J’adore quand tu parles de ta famille, Camille, j’ai l’impression de les connaître et d’être avec eux… C’est beau cette façon que vous avez d’être si différents et si unis.
C’est vrai qu’on est tellement, tellement différents, tous, parfois j’ai du mal à réaliser qu’on est tous de la même famille. Merci pour ton petit mot en tous cas !
C’est tellement joli comment tu parles d’eux. Ça donne envie de vous rencontrer tous ensemble 🙂
(tu me fais peur à chaque fois quand tu dis que t’es pas tolérante pcq moi je te vois pas comme ça, genre plutôt super ouverte d’esprit et pas vraiment chiante alors je me dis que peut être tu fais BEAUCOUP d’efforts – et qu’un jour tu vas plus en pouvoir que je fasse du bacon qui pue dans l’appart et que Dora laisse des poils partout et que Dany baisse pas le couvercle de la toilette qd il est là et tu vas complètement craquer et nous tuer à coup d’oignons) (je m’en vais d’ailleurs de ce pas rabaisser le couvercle de la cuvette que j’ai laissé ouvert)
(BREF, c’était un commentaire hors sujet)
En fait, je suis super intolérante face à la médiocrité, je crois. Je supporte difficilement quand quelque chose n’est pas fait à fond. Alors pour le couvercle de la toilette et pour le bacon, oui c’est vrai, je fais pas ça moi, mais c’est finalement pas quelque chose qui m’embête. Je fais de l’oignon et je laisse trainer mes chaussons, moi !
Disons que la coloc m’a quand même BEAUCOUP fait évoluer sur pas mal de points, reste qu’au boulot par exemple, je suis exécrable dès que quelqu’un est pas au top ! (Au sport aussi.)
J’aime beaucoup ta façon d’écrire, je te lis avec plaisir, avide d’en lire un peu plus chaque fois ! Tes anecdotes, ta façon dé décrire, raconter !Ton blog est vraiment une pépite !
C’est pas tous les jours facile d’être loin de sa famille, mais les retrouvailles ne sont que meilleures ! Bon courage à toi en tout cas !
Merci beaucoup, je viens d’aller faire un petit tour sur ton blog, j’aime bien ! 🙂
C’est sur que les retrouvailles en général sont assez émouvantes et plutôt géniales ! 🙂
Cet article est si beau et si touchant. Tu dis être intolérante et peut être est-ce vrai en dehors du cercle privé mais dans cet article ce que l’on voit c’est à quel point tu connais et sais voir en tes proches le meilleur de ce qu’ils ont en eux. C’est une qualité rare de savoir apprécier les personnes avec leurs défauts et leurs qualités, à leur juste valeur.
Merci pour cette jolie parenthèse
Bises
Merci jolie Célie !
J’aime toujours autant quand tu prends le temps de laisser un petit mot ici. 🙂
Je crois que ça prend un temps avant que je réussisse à passer au dessus des défauts, j’ai tendance à vite me braquer et, sauf si je suis obligée de côtoyer la personne (et potentiellement changer d’avis après), dans ce sens, je suis intolérante. Aussi, comme je répondais à Lane au dessus, je suis l’intolérance même en sport et au boulot où la médiocrité me hérisse les poils. ^^
Des bises à toi !
On n’ira SURTOUT PAS courir ensemble alors :p Je suis la médiocrité à la médiocrité en sport… 😉
Je ne pourrais pas dire mieux que Céline !
C’est doux ce que tu écris, tu as un sacré talent pour dénicher les petits détails & les aspérités qui rendent les gens si particuliers.
Très bel article, très touchant et agréable à lire !
Bonne journée !
Un joli texte pour nous les présenter, on a maintenant envie de les rencontrer 🙂
Me encantó! Un gran abrazo.
<3
Je pourrais écrire un long commentaire sur toi aussi, mais je te réserverai un sketch dans mon spectable, c'est mieux 🙂
Ce billet est très touchant, il sent bon l’Amour !
J’aime beaucoup ta façon d’écrire, c’est un délice de te lire 🙂
Petite typo sur le steak tartare : toutes les bouchées Qu’il y a entre les 2.
Et petite question, quand tu parles du goût pour les intégrales, on parle de maths ? Parce que sinon je ne sais pas ce que c’est.
Par contre, on en parle de ta robe sur la photo ?
Il est si doux ce billet Camille. Ce que je peux aimer quand tu poses tes mots par ici, et notamment quand tu nous parles de ce/ceux que tu aimes.
Vu le tableau que tu peins de ta famille, tu as beaucoup de chance chère Camille !
J’aimerais tellement pouvoir en raconter autant ! En attendant, j’ai les yeux brillants en te lisant !